Quels constructeurs progressent en Chine sur 9 mois 2024 ?
Alors que le marché automobile chinois des voitures particulières a augmenté de 3% sur les 9 premiers mois de 2024, quels sont les constructeurs qui ont vu leurs ventes augmenter fortement et ceux qui ont vu leurs ventes reculer fortement ?
 
Déjà en terme de volumes, le groupe BYD  devient le leader du marché chinois en 2024, occupant désormais 14,6% de part de marché en 2024 (contre 11,4% sur les 9 premiers mois de 2023) et détrônant ainsi le groupe Volkswagen qui est tombé à 10,2% de part de marché contre 11,9% l’an dernier, et qui est donc largement distancé cette année. Son objectif est de revenir à 15% du marché chinois en 2030, ce qui semble ambitieux.
 
Derrière BYD et Volkswagen, on note la présence de deux constructeurs chinois qui ont réalisé d’énormes progrès par rapport aux années précédentes. D’abord, le groupe Geely – avec ses 11 différentes marques – suit de près le groupe Volkswagen, avec une part de marché de 9,0% contre 7,2% l’an dernier. Suit le groupe Chery – avec ses 6 différentes marques – qui talonne Geely avec 8,9% de part de marché contre 6,5% l’an dernier. Geely et Chery devraient dépasser le groupe Volkswagen au cours des prochains mois.
 
Les constructeurs qui progressent le plus en 2024 sont BYD (+32,0%), Geely (+30,1%), Chery (+40,6%) mais aussi les constructeurs aux volumes plus modestes comme Seres (+306%) et Li Auto (+40,0%). On note aussi la bonne performance plutôt inattendue de FAW (marque Hongqi) qui progresse de 23,2% grâce à une « démocratisation » de sa gamme.
 
Les constructeurs qui baissent le plus en 2024 sont les groupes GM (-29,7%), Honda (-27,3%), GAC (-22,1%), SAIC (-22,0%) et Toyota
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18,3%). Les constructeurs japonais sont aussi affectés que les constructeurs européens et américains.
Le marché automobile chinois des VP progresse de 3% sur 9 mois 2024
Le marché automobile chinois des voitures particulières a augmenté de 3% sur les 9 premiers mois de 2024 par rapport aux 9 premiers mois de 2023, à 18 676 109 unités contre 18 128 133, ce qui est un résultat meilleur que celui enregistré sur les deux autres grands marchés mondiaux, +1% en Europe et +0,4% aux Etats-Unis. En conséquence, l’écart s’accroît entre la Chine et ces deux autres marchés :   9 779 605 unités en Europe (30 pays = UE + Royaume-Uni + Suisse + Norvège) et 9 658 402 unités aux USA. On note toutefois un ralentissement de la croissance du marché en Chine (comme en Europe et aux USA), puisque la croissance avait atteint 6,8% sur les 9 premiers mois de 2023 par rapport aux 9 premiers mois de 2022 et +6,3% sur les 6 premiers mois de 2024 par rapport aux 6 premiers mois de 2023. Et la croissance n’est plus que de 1,5% en septembre 2024. On peut s’attendre à un ralentissement entre octobre et décembre 2024, l’ensemble de l’année pouvant s’achever à +2,5%.
 
La part des constructeurs chinois (incluant Wuling et Baojun, comptabilisés par GM dans le groupe GM) est au plus haut, puisqu’elle atteint 65% des ventes totales de voitures particulières en Chine sur les 9 premiers mois de 2024, et même 68% en septembre 2024.
 
Conséquence, le groupe Volkswagen est désormais largement distancé par le groupe chinois BYD, avec une part de marché qui ne dépasse pas 10,2% contre 14,6% pour BYD, alors qu’il avait été leader du marché chinois avec une large avance sur ses concurrents pendant plusieurs décennies. Le cas le plus dramatique est celui du groupe GM (incluant Wuling et Baojun) qui est tombé à 5% de part de marché alors qu’il talonnait le groupe VW à la seconde place du marché pendant plusieurs décennies. En 2024, le groupe GM se retrouve à la septième place, derrière BYD, Volkswagen, Geely, Chery, Changan et Toyota.
Le SUV Leapmotor B10 sera probablement assemblé chez Opel à Eisenach
Le constructeur chinois Leapmotor détenu à 20% par le groupe Stellantis depuis l’an dernier a présenté quatre de ses modèles 100% électriques (B10, C10, C16, T03) au 'Mondial de l’automobile de Paris' (Paris Motorshow) en octobre 2024. Un de ces modèles, la citadine T03 (segment A), est déjà assemblé en CKD (niveau d’intégration jugé cependant non suffisant pour obtenir le bonus français) depuis juin 2024 sur le site Stellantis (ex-Fiat) de Tichy, aux côtés des Fiat 600, Alfa-Roméo Junior et Jeep Avenger.
 
Un second modèle, le SUV B10 (segment C), devait être assemblé sur ce site à partir de la fin de cette année, mais le vote de la Pologne en faveur des surtaxes concernant les voitures électriques chinoises exportées de Chine vers l’Europe pourrait avoir changé ce plan, sans doute sur recommandation du gouvernement chinois. Finalement, le SUV Leapmotor B10 sera bien fabriqué en Europe pour le marché européen, mais dans un pays qui a voté contre les surtaxes et qui dispose en même temps d’une usine Stellantis. Le choix se portera donc soit sur l’Allemagne (Eisenach) soit sur la Slovaquie (Trnava).
 
Inovev pense que le choix se portera plutôt sur Eisenach qui dispose d’importantes surcapacités (60 000 voitures produites en 2023 et autant en 2024 sur une capacité de 200 000 unités par an) et qui assemble déjà un SUV de segment C, l’Opel Grandland, y compris dans une version 100% électrique. Le site de Trnava est de son côté amené à une saturation rapide de ses capacités de production en raison de la fabrication de l’ensemble des Citroën C3, Citroën C3 Aircross et Opel Frontera.
 
Il est très difficile de prévoir le nombre de Leapmotor B10 qui seront fabriqués en Europe. Tout dépendra du succès du modèle et de la volonté ou non de Stellantis de développer les ventes de la marque chinoise. On peut néanmoins considérer que ce modèle devra se faire connaître, comme pour les autres modèles chinois, ce qui permet d’imaginer une progression lente mais continue entre 2025 et 2035. Si le succès du modèle se confirme, un volume de 50 000 unités assemblées en Europe en 2035 est une hypothèse plausible.
BYD passe d’un constructeur de BEV à celui de NEV
Sur un ensemble de BEV qui représente 24,6% du marché chinois des voitures particulières (soit 4 554 601 BEV) sur les neuf premiers mois de l’année 2024, le groupe BYD a immatriculé 1 166 079 BEV (soit 25% du marché des BEV) et reste le leader des ventes de BEV en Chine devant Tesla (675 758 unités, soit 15% du marché des BEV). Suivent le groupe Geely (390 142 unités), le groupe GM (369 930 unités dont 308 323 de marque Wuling), le groupe GAC (226 964 unités), le groupe Changan (193 632 unités), le groupe Chery (151 996 unités), le groupe NIO (149 281 unités) et le groupe Volkswagen (145 027 unités). Derrière, suivent les groupes Leapmotor (127 337 unités), SAIC (106 751 unités) et Dongfeng (104 791 unités). Les marques Premium allemandes (BMW et Mercedes) enregistrent des ventes beaucoup plus faibles (moins de 100 000 pour BMW et moins de 50 000 pour Mercedes).
 
Quelle est la part d’électrification (BEV) chez chacun des grands groupes automobiles en 2024 en Chine ? Tesla est le constructeur qui enregistre la part la plus importante de BEV dans ses ventes avec 100% comme NIO, Xiaomi et Xpeng qui sont les seuls constructeurs chinois à ne fabriquer que des BEV. Suivent Leapmotor (75% de BEV), Hozon (73%), Jiangling (69%), GAC (45%), BAIC (44%) et BYD (43%). Contrairement aux idées reçues, BYD vend aujourd’hui plus de PHEV que de BEV.
 
Les autres constructeurs vendent moins de 40% de BEV dans leurs ventes en Chine, comme Dongfeng (39%), GM (39%), FAW (23%), Geely (23%), SAIC (20%) et bien sûr les  marques Premium allemandes (BMW et Mercedes) qui vendent moins de 20% de BEV dans leurs ventes en Chine pour BMW et même moins de 10% de BEV pour Mercedes. Le résultat le plus décevant est celui du groupe Volkswagen qui ne vend que 8% de BEV dans ses ventes en Chine en 2024.
La Chine incite ses constructeurs à freiner leurs investissements en Europe
Le gouvernement chinois semble en train de revoir sa stratégie sur le développement en Europe des constructeurs chinois qui sont sous son contrôle. Il aurait demandé l’interruption des discussions sur de nouveaux projets et le refus de signer de nouveaux accords. Le message a été bien reçu par les constructeurs publics chinois, comme Dongfeng qui vient d’annoncer qu’il renonçait à son projet d’usine en Italie. Plusieurs paramètres ont été mis en évidence par le gouvernement chinois :
1. les voitures électriques chinoises subissent une forte opposition de certains gouvernements européens.
2. les ventes de voitures chinoises ne parviennent pas au niveau espéré en Europe. Malgré leur prix compétitif par rapport à leurs concurrentes similaires européennes et malgré leurs autres qualités intrinsèques, elles peinent à convaincre le client européen, leur part de marché (marché toutes motorisations) n’atteignant pas les 3% en 2024, marquant très peu de progrès par rapport à 2023. Les 10% de part de marché prévus par Inovev dans ses études  sont encore bien loin.
 
En même temps, une part de marché de 10% des constructeurs chinois en Europe en 2030 provoquerait inéluctablement une baisse des ventes de 1,5 million de voitures des marques traditionnelles européennes (et aussi des marques américaines, japonaises et coréennes), ce qui entraînerait fermetures d’usines et suppressions de marques.
 
Pour le gouvernement chinois, le marché européen reste un marché complexe, avec des goûts et des besoins qui varient d’un pays à l’autre. Le gouvernement chinois pourrait donc privilégier le développement de ses constructeurs plutôt hors d’Europe, comme en Turquie, en Amérique latine, en Australie, en Asie du sud-est et au Moyen-Orient, où ces constructeurs remportent déjà certains succès.
 
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