Est-ce que Dongfeng va finalement ouvrir une usine en Italie ?
A la suite du vote de l’Italie en faveur de la surtaxe des véhicules 100% électriques importés de Chine, le constructeur chinois Dongfeng qui avait prévu de construire une usine d’assemblage en Italie pour produire ses propres modèles, selon un accord signé début août 2024 avec le gouvernement italien, vient d’annoncer qu’il reconsidérait ce projet, sans doute pour des raisons de vitesse de développement du marché des véhicules électriques en Europe mais peut être aussi suite au vote favorable de l’Italie au système de surtaxes de l’Union européenne.
 
Si ce projet était abandonné, ce serait dommageable pour l’industrie automobile italienne qui a besoin d’une relance de la production sur son sol. Ce sont plusieurs centaines de milliers de véhicules qui pourraient être fabriqués sur place, en plus des 800 000 produits annuellement aujourd’hui (principalement par Stellantis).
 
Etant donné que les véhicules chinois fabriqués en Europe ne sont justement pas soumis aux surtaxes, cette décision apparait comme un poids supplémentaire en faveur des Chinois dans la balance des négociations entre l’Union européenne et la Chine.
 
La mise en cause possible de cette implantation pourrait permettre à Dongfeng de considérer un autre pays européen plus accommodant, comme l’Allemagne, la Hongrie, la Tchéquie ou la Slovaquie, ces pays ayant voté contre les surtaxes proposées par l’Union européenne. En même temps, la position de Dongfeng s’inscrit dans un contexte dans lequel le gouvernement chinois a demandé plus globalement de reconsidérer les positions des constructeurs chinois et gouvernements européens sur de nouveaux projets. On ignore encore si cette directive pourrait affecter les projets déjà bien avancés comme BYD en Hongrie, Chery en Espagne ou même Leapmotor en Pologne.
Nissan va réduire ses capacités de production de 20% dans le monde
Le constructeur japonais Nissan, qui a retrouvé une certaine autonomie depuis la réduction de la participation de Renault dans son capital,  a annoncé qu’il allait supprimer 9 000 emplois dans le monde qui s’accompagne d’une réduction de 20% de ses capacités de production. Pourtant, en avril dernier, Nissan avait annoncé vouloir vendre 4,5 millions de véhicules dans le monde sur l’exercice 2026/2027*, contre 3,2 millions en 2022 et 3,3 millions en 2023. L’exercice 2023/2024 (année fiscale japonaise = de mars année n à mars année n+1) a été extrêmement médiocre, avec une baisse de 7,8% de la production de Nissan par rapport à l’exercice précédent et la situation est encore plus dégradée en septembre 2024, avec une baisse de 9,8%.
 
La production au Japon a été la plus affectée, avec une chute de 13,4% par rapport à l’an dernier (-11,8% en septembre 2024), contre une baisse de 6,4% pour les usines implantées à l’étranger (-9,3% en septembre 2024). Le constructeur ne prévoit pas d’amélioration à court terme. Du coup, Nissan a annoncé qu’il allait réduire une nouvelle fois ses capacités de production de 20%, qui vont passer de 5,6 millions de véhicules par an à 4,5 millions (contre 7 millions de véhicules en 2017/2018). Pour rester à flot, Nissan va vendre 10% de ses parts dans Mitsubishi Motors, réduisant ainsi sa participation à 24% contre 34% auparavant.
 
Les difficultés de Nissan s’expliquent en partie par l’insuccès croissant de ses modèles et le sérieux revers observé en Chine (-15% des ventes sur 9 mois 2024). On peut s’interroger également sur le fait que Nissan, qui avait été l’un des pionniers du véhicule électrique avec la Leaf, a laissé ensuite tous ses concurrents prendre l’avantage sans réaction de sa part. Inovev pense que les capacités de production qui vont tomber à 4,5 millions de véhicules par an, sont encore trop importantes par rapport à la situation du constructeur. Il conviendrait de les baisser de nouveau de 20% pour les fixer à 3,6 millions de véhicules par an, un niveau qui paraitrait plus réaliste.
L’Allemagne a retrouvé sa position de premier marché électrique européen
Même si l’Allemagne était passée derrière le Royaume-Uni sur le marché européen des voitures 100% électriques au premier trimestre 2024 (suite à l’arrêt des subventions accordées par le gouvernement allemand à l’achat de voitures 100% électriques), ce pays a retrouvé sa place de leader sur les 9 premiers mois de 2024, avec 276 390 unités (en baisse de 28,6% par rapport aux 9 premiers mois de 2023) devant le Royaume-Uni (269 931 unités, +13,2%) et la France (216 841 unités, +6,0%).
 
Toutefois, les BEV représentent seulement 13% du marché allemand sur les 9 premiers mois de 2024, contre 18% sur les 9 premiers mois de 2023, alors qu’au Royaume-Uni, ils représentent aujourd’hui 18% du marché et 17% en France.
 
Tous pays européens confondus, les BEV représentent 14,7% du marché européen sur les 9 premiers mois de 2024, contre 15,2% sur les 9 premiers mois de 2023, avec un volume de 1 433 225 unités contre 1 472 190 unités respectivement.
 
En terme de part de marché, l’Allemagne, le Royaume-Uni et la France, les trois pays qui achètent le plus de BEV en Europe restent au milieu du peloton, loin derrière les pays scandinaves, en premier lieu la Norvège (88% de part de marché) suivie du Danemark (48%), de la Suède (34%) et de la Finlande (28%).
 
On note aussi les bonnes performances des pays du Benelux (Belgique, Pays-Bas, Luxembourg) avec des parts de marché de BEV de 27% à 32% selon les pays. Enfin, la Suisse (19%) et le Portugal (18%) font mieux que le Royaume-Uni ou la France. Les pays situés à l’Est de l’Europe et au sud de l’Europe restent les moins favorisés (moins de 7,5% de BEV sur ces marchés).
Audi arrêtera sa production à Bruxelles fin février 2025
L’usine d’assemblage Audi de Bruxelles Forest (Belgique) qui est une ancienne usine Volkswagen est l’une des deux seules survivantes (avec l’usine d’assemblage Volvo de Gand) de l’ex-florissante industrie automobile belge. A la fin du 20ème siècle, la Belgique comptait une usine Ford, une usine Opel, une usine Renault, une usine Volkswagen et d’autres petites usines. L’usine Volkswagen de Bruxelles Forest a produit jusqu’en 2009 des Volkswagen Lupo, Polo et Golf puis elle a produit des Audi A1 et A3 jusqu’en 2018, puis enfin des Audi E-Tron à partir de 2019, rebaptisés Q8 E-Tron en 2022. Ces véhicules chers ne prédisposaient pas à un volume de production élevé. C’est ainsi que le volume de production l’usine de Bruxelles Forest n’a pas dépassé 51 546 unités en 2022, contre 131 226 en 2012 et 204 402 en 2005. La baisse des ventes de véhicules électriques en Allemagne (-28,6% sur les 9 premiers mois de 2024) en raison de l’arrêt des subventions a handicapé la diffusion de l’Audi Q8 E-Tron dont les ventes ont chuté de 36,5% en 2024 (l’Allemagne étant son premier marché en 2023 et second en 2024, derrière les USA).
 
Ce qui était une hypothèse possible est donc devenu une réalité. Audi vient de confirmer via un conseil d’entreprise extraordinaire qu’il allait mettre fin à la production de son modèle Q8 E-Tron sur le site de Bruxelles Forest, en date du 28 février 2025.
 
La production de ce véhicule sera transférée dans l’usine mexicaine de San Jose Chiapa où est déjà fabriqué l’Audi Q5 pour le monde entier. Cette décision implique la fermeture définitive de l’usine de Bruxelles Forest, sauf si un autre constructeur souhaite s’y implanter voire une autre entreprise appartenant à un tout autre secteur.
Vers un reprise du marché européen des BEV ?
Le marché automobile européen des BEV est-il en train de reprendre ? Alors que le marché européen (31 pays) des voitures 100% électriques (BEV) avait progressé de 3,5% sur le premier trimestre 2024 par rapport au premier trimestre 2023, puis de 1,6% sur le premier semestre 2024 par rapport au premier semestre 2023, il a baissé de 2,6% sur l’ensemble des 9 premiers mois de 2024 par rapport aux 9 premiers mois de 2023. Mais en septembre 2024, il augmente de 13,9%.
 
Cela signifie que l’évolution des ventes de BEV sur les 9 premiers mois de 2024 est globalement négative par rapport à celle de 2023, la part de marché des BEV étant tombée à 14,7% en Europe à fin septembre 2024 contre 15,2% à fin septembre 2023. Mais l’augmentation observée en septembre laisse entrevoir une relance au cours des trois prochains mois de l’année.
 
On n’assiste donc pas à un effondrement des ventes de BEV en Europe, mais à une stagnation voire un repli des ventes dans certains pays comme l’Allemagne (-28,6%), la Suède (-18,9%), la Finlande (-31,4%) ou la Suisse (-9,5%). Les nouveaux modèles 100% électriques de prix inférieurs à ceux pratiqués aujourd’hui pourraient supporter le marché européen de l’électrique.
 
En ce qui concerne les autres motorisations, l’essence continue à perdre du terrain en Europe (34% du marché contre 37% en 2023 et 38% en 2022), comme le diesel (11% du marché contre 12% en 2023 et 15% en 2022). L’hybride rechargeable reste stable à 7% du marché. L’hybride non rechargeable (ou full-hybride) continue sa croissance spectaculaire (14% du marché contre 10% en 2023 et 8% en 2022). Le micro-hybride (MHEV) progresse à 17% du marché et reste la seconde technologie en terme de motorisation derrière la motorisation essence deux fois supérieure en terme de part de marché.
 
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